Web2Day 2023 : les conférences qui nous ont marqués
Publié le 09 juin 2023
Le Web2Day est un festival annuel dédié à l'innovation, à l'entrepreneuriat et à la culture numérique. Il se déroule chaque année à Nantes et réunit plus de 10000 professionnel·les du numérique et des passionné·es de technologie. Conférences, ateliers, démos ou encore networking, cet événement couvre des domaines variés allant de l'IA, le marketing, le design, la cybersécurité ou encore le no-code. C'est une manifestation où nous nous rendons depuis 2018, année où nous avons recruté Antoine Bluchet (notre tout premier coopérateur de l'Ouest).
Cette année, entre deux tours de beerbike, notre équipe a écouté un grand nombre de conférences et partage à travers cet article celles qui ont retenu leur attention.
2 CTOs, 2 stratégies de qualité, 1 seule recette
Thomas Walter et Nicolas Tricot du groupe Theodo ont partagé leur expérience en matière de qualité de projet dans leurs environnements respectifs. Ils ont ainsi abordé deux outils qui leur permettent, au quotidien, de s’approcher de cet objectif.
Le premier outil, appelé Right The First Time (RTFT), permet d’évaluer la réussite initiale du code ou d'une fonctionnalité entière en organisant une compétition et d'encourager les participants, y compris les plus juniors, à réfléchir, structurer et planifier les étapes de travail avant d'écrire la moindre ligne de code. Le second outil, nommé ROSE, est un outil de mesure de la qualité développé par l’agence Padok. Il prend la forme d'une matrice basée sur les “piliers” de la Résilience, de l’Opérabilité, de la Sécurité et de la Responsabilité des développeurs.
Quelles que soient les approches choisies, il reste primordial qu’elles soient appliquées dans une démarche bienveillante afin d’éviter toute dérive et que cette recherche de qualité ne devienne une pression inconfortable.
Introduction aux architectures composables
Durant cette conférence, Loïc Carbonne met un mot sur une pratique bien connue dans le monde de la gouvernance d'API : l'architecture MACH (microservices, API-first, cloud native, headless). Nous ne concentrons plus nos projets sur une seule technologie. Au lieu de cela, nous essayons de tirer partie le plus possible de la plateforme sur laquelle nous travaillons et sur des projets Open Source : si un outil existe, utilisons-le plutôt que de réinventer la roue.
Ainsi, nous composons notre produit et créons notre valeur ajoutée en nous appuyant sur des services offrant des APIs. Nous ne parlons pas d'architecture micro-services, mais plutôt de composants offrant un panel de fonctionnalités allant d’une seule tâche simple à un environnement entier.
Cette approche est déjà bien exploitée depuis l'an dernier par le système Composable storefront de Salesforce, avec des solutions très orientées e-commerce et exploitant les technologies de no-code, low-code et API-first pouvant interagir entre elles en intégrant nativement de nombreux logiciels (parmi elles Algolia, Amplience, builder…). Shopify et Vercel en sont de bons exemples également, le premier de part son service Commerce Components et le second proposant un livre blanc sur le sujet.
Les chroniques du sexisme ordinaire
Dans cette « conférence-spectacle » acerbe et mordante, Marine Petroline Soichot nous enseigne comment le sexisme s’infiltre dans mille petits détails du quotidien, depuis les bancs de l’école jusqu’au sein de l’entreprise.
Saviez-vous qu'avant le 17ème siècle, ce n'était pas le masculin qui prévalait dans l’accord d’une phrase, mais le plus grand nombre ? Trouvez-vous logique que le premier réflexe de Blanche Neige à son arrivée dans la maison des sept nains soit de sortir le balai et de faire le ménage ? Saviez-vous que nos impôts servent entre autres à payer l’entretien des cinq (!!!) cercueils de Napoléon, dont l’amour de la guerre n’avait d’égal que la misogynie ? Aviez-vous déjà remarqué qu'il est beaucoup plus fréquent, indépendamment de notre sexe ou notre genre, de commenter le physique des femmes plutôt que celui des hommes, que ce soit pour complimenter ou critiquer ?
En mettant en lumière ces injustices du quotidien et bien d’autres, sous ce format original et bien moins formel qu’un long discours sur le sexisme, Marine Petroline Soichot nous pousse à réfléchir à notre propre implication dans ce conditionnement sexiste, et à remettre en question notre rôle sans pour autant nous culpabiliser. Ludique, pédagogique, un peu déprimante aussi parfois à écouter en tant que femme, cette conférence est sans doute notre coup de coeur du Web2day.
IA générative : son passé, son présent, son futur
L’intelligence artificielle, c’était l’un des gros thèmes de cette édition du Web2day. Au cours de cette conférence, Marie Crappe et Didier Girard ont d’abord évoqué l’arrivée en fanfare du petit nouveau ChatGPT, qui en atteignant en à peine cinq jours le million d’utilisateurs a mis sur le devant de la scène les IA génératives et leurs possibilités pour le grand public.
Après avoir expliqué le gain de productivité que pouvaient apporter ces outils quand ils sont bien utilisés, ils nous ont montré les progrès rapides de ces IA via l’évolution graphique de Midjourney en seulement quelques mois. Les conférenciers ont également mis en avant les imperfections de ces outils : « hallucinations » pour ChatGPT qui est incapable de nous dire qu’il ne connaît pas la réponse à notre question et préfère inventer une réponse en certifiant qu’elle est vraie, biais sexistes et racistes pour les générateurs d’images qui afficheront une femme sexy en petite tenue pour le prompt « secretary » (secrétaire) et n’afficheront que des hommes blancs pour le prompt « surgeon » (chirurgien)…
Marie Crappe et Didier Girard ont également évoqué le futur probable de l’émergence de ces IA génératives : certains emplois seront menacés, particulièrement chez les « cols blancs » qui ont rarement été inquiétés par le passé, tandis que de nouveaux corps de métier vont probablement faire leur apparition.
La conclusion de ce talk, glaçante de lucidité, nous rappelle que si pour nos grands parents savoir calculer était une compétence primordiale, elle l’est beaucoup moins pour nous aujourd’hui. Si l’on suit cette logique, il est probable que pour nos enfants, savoir rédiger ne sera plus une compétence indispensable dans un futur très proche.
Atelier Éco Cards
Nous faisons le constat que le secteur de la technologie connaît une croissance continue plutôt que d'être en déclin. Depuis les premiers jours d'Internet, la taille moyenne d'une page a augmenté de quelques dizaines de Ko à 2,5 Mo aujourd'hui.
L'éco-conception n'est pas seulement axée sur l'écologie, c'est une approche globale qui englobe l'accessibilité et la prise de conscience des enjeux actuels. C’est l'un des outils à notre disposition pour prolonger la durée de vie des services et des applications, ce qui permet de limiter l'obsolescence programmée de nos appareils.
Franck Valadier et Alizée Colin (la sœur de notre coopérateur du même nom ;)) ont travaillé sur la conception d'un jeu de cartes visant à sensibiliser de manière ludique à une conception web plus responsable. Ils ont mis au défi les différents rôles d'une équipe de projet, tels que les designers, les devs et les chefs de projet. Ce jeu de cartes, qui est un jeu de 52 cartes "classique", peut également être utilisé pour jouer à d'autres jeux de cartes traditionnels. Il est disponible en téléchargement gratuit sur le site de Digitial4Better, à l'adresse suivante : https://digital4better.com/media/ecocards-digital4better.zip
D’observateur à responsable, enrayer l’impact des biais racistes dans l’UX
Marcy Ericka Charollois revient sur l’importance de la diversité, de l'inclusion et de la sensibilité culturelle dans différents domaines. En travaillant activement pour surmonter les obstacles et promouvoir l'égalité, nous pouvons créer un monde plus équitable où tout le monde se sent inclus et représenté.
Pour promouvoir une société plus équitable, il est essentiel de ne pas favoriser une suprématie, mais aussi de donner une voix et une visibilité aux minorités. Cela signifie reconnaître et célébrer les perspectives différentes et sortir de notre norme habituelle.
Un exemple concret de non inclusion peut être observé dans la technologie. Par exemple, la technologie de reconnaissance faciale telle que le Face ID peut être incompatible avec les tatouages au visage, ce qui peut exclure certaines personnes qui ont des tatouages culturels ou artistiques. Il est important d'identifier de telles exclusions et de les rectifier pour garantir que les technologies soient accessibles et adaptées à tous.Un autre aspect à considérer est le langage utilisé dans le domaine de l'informatique. Marcy préconise aussi de repenser les terminologies héritées du passé qui peuvent perpétuer des connotations négatives ou exclure certains groupes (par exemple, remplacer les termes "master" / "slave" par des alternatives comme "main" / "secondary").
Il reste cependant encore des progrès à faire pour garantir une représentation équitable et inclusive de toutes les communautés.
Télémaque, Luke Skywalker, Bobby Fisher : de l’intérêt d’être bien mentoré·e
Lors de sa toute première conférence, Matildad De Souza nous donne ses conseils clés pour être bien mentoré·e :
- Identifier la thématique : déterminer les contours du métier ou sujet sur lequel on souhaite être accompagné·e, les envies et les appétences.
- Comment trouver un mentor : via les communautés, chercher les personnes qui nous inspirent et oser leur demander
- Défi : sortir de (ou plutôt étendre) sa zone de confort
- Cultiver sa relation de mentorat : lors des temps de mentorat respecter le temps imparti, venir préparé·e et avec des sujets définis afin d’en tirer le meilleur parti
Ralentir ou périr
Timothée Parrique est économiste et auteur du livre Ralentir ou périr dont il nous fait en quelque sorte une introduction lors de cette conférence sur la décroissance. La décroissance, c’est une réduction de la production et de la consommation, avec quatre aspects : alléger l’empreinte écologique, de manière planifiée démocratiquement, en faisant attention aux inégalités et dans le souci du bien-être.
Il compare ensuite le système capitaliste actuel à une économie de la post croissance sur quatre piliers :
- Économie extractiviste VS soutenable
- Économie productiviste VS répondant à un besoin
- Économie commercialiste VS coopérative
- Économie consommationniste VS suffisance et sobriété
Pour passer à une économie de la post-croissance, cela demande de repenser complètement son organisation et son système de valeurs, particulièrement dans une société où la croissance est vue comme une chose positive. Son conseil : chercher la taille optimale de l’économie au lieu du tout lucratif.
Manager est-il un métier à part entière ?
Cette table ronde cherche à répondre à plusieurs questions : qu'est-ce qu'être manager aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'un bon manager ? Et est-ce un métier à part entière ? La réponse est unanime : oui, être manager est un métier à part entière qui doit être appris, tout comme n'importe quel autre métier.
Il existe plusieurs définitions de ce qu'est un manager, notamment : être capable de guider un groupe humain pour atteindre des objectifs, accompagner et être au service de son équipe, faciliter la collaboration naturelle de l'être humain.
Cela implique deux points fondamentaux : la motivation intrinsèque, qui comprend le sens (le pourquoi), la maîtrise de l'impact (constater l'impact et l'amélioration) et l'autonomie, ainsi que la motivation extrinsèque, qui utilise des récompenses et des encouragements. Nous pouvons donc en déduire que la performance passe par la sécurité psychologique, la structure et la transparence, la fiabilité, le sens et l'impact. Le manager est ainsi comme un chef d'orchestre, ce qui nécessite des compétences spécifiques, à la fois techniques et relationnelles, pour lesquelles il est possible (et nécessaire) de se former.
Ses défis incluent parfois le deuil de son ancien métier de production, car le manager est alimenté par les retours d'information ; s'il n'y en a pas, cela ne fonctionne pas. Il est donc également important de former les non-managers.
Business ou qualité de code, comment arbitrer ?
Dans un projet de développement, il est assez courant de constater des désaccords entre les équipes du business et celles de développement. Marianne Joseph-Géhannin nous livre ses conseils sur la façon de résoudre ces problèmes.
Du côté commercial, la vision est souvent axée sur la rentabilité par le biais de l'innovation et de l'amélioration de l'expérience utilisateur (UX). Quelques problèmes courants : une impression que les développements prennent trop de temps, un manque de compréhension de l'importance des tâches techniques et une volonté de les éliminer au profit de fonctionnalités à forte valeur ajoutée pour l'entreprise.
Chez les devs, la vision est souvent axée sur la qualité du code, qui favorise la confiance dans le projet, sa maintenabilité et ses performances. Cela prend du temps et l'équipe n'est généralement pas disposée à sacrifier la qualité pour livrer les fonctionnalités plus rapidement. On observe également souvent un découragement lorsqu'il est nécessaire de retravailler le code pour ajouter certaines fonctionnalités (surtout dans un contexte agile).
Comment parvenir à un compromis ? Il faut évaluer les priorités et négocier ! Souvent, nous avons trois solutions pour l'ajout d'une nouvelle fonctionnalité : une mauvaise qualité mais une livraison rapide, une excellente qualité mais coûteuse, et un compromis juste entre les deux. Et c'est précisément ce compromis que nous cherchons à atteindre grâce à une négociation collective.
Dans ce contexte, le rôle du propriétaire du produit (PO, pour Product Owner) est essentiel pour faire le lien entre le gestionnaire de produit du côté commercial et les développeurs, et les accompagner dans la recherche du meilleur compromis pour faire progresser le produit.
La ménopause en entreprise : à quand la fin d’un tabou ?
Cette table ronde a donné la parole à trois femmes engagées : Christel Bony, Catherine Azoulay et Jane Douat. Devant un auditoire essentiellement féminin (😢), nos spécialistes se sont livrées à un exercice de vulgarisation de ce sujet ô combien important !
C’est l’arrêt du fonctionnement des ovaires. Pour faire simple, les ovaires cessent de produire des oestrogènes et la femme n’a plus de règles. Cette évolution physiologique est progressive et elle est précédée d’une période de pré-ménopause qui peut durer de 1 à 10 ans. L’âge moyen de la ménopause est de 51 ans.
Ils peuvent varier selon les femmes. Le plus connu reste la bouffée de chaleur, qui est lié au manque d’oestrogènes. On peut aussi ajouter des troubles cognitifs, des douleurs articulaires, l’ostéoporose et des problèmes cardio-vasculaires…
En France, sur 35 millions de femmes 15 millions d’entre elles sont concernées. Mais alors, pourquoi en parle-t-on si peu ? La faute au patriarcat ! Il faut le dire, nous avons en France une certaine représentation sociale liée à la ménopause : à 40 ans, c’est la ménopause sociale. A 50 ans, la femme ménopausée est stigmatisée et déclassée. En entreprise, les femmes elles-mêmes en parlent peu, pire, certaines essayent de cacher les symptômes de peur d’être virées. Puisque cette évolution physiologique est inéluctable, il est urgent de LEVER CE TABOU.
Dans d’autres pays, comme le Japon, la ménopause n’est pas un sujet. Par exemple, dans certaines ethnies d'Afrique, la femme ménopausée gagne en sagesse et donc en privilèges. Plus proche de nous, le Royaume-Uni semble plus avancé pour aider les femmes à traverser la ménopause : formations dans certaines entreprises, statut d’ambassadeurs de la ménopause dans d’autres ou encore création d’une certification “Ménopause at work”.
- Les applications.
- Des horaires aménagés.
- Avoir accès à une douche.
- Pouvoir s’isoler dans un bureau pour ouvrir la fenêtre à sa guise et échapper au bruit ambiant d’un open space par exemple.
- Exosquelette pour les femmes qui ont des métiers physiques.
- En parler sans stigmatiser.
L’onboarding : ne passez pas 5 ans à recruter un mouton à 5 pattes, créez-le dès à présent
Christophe Breheret-Girardin, coach Craft chez OCTO Technology nous parle de l’onboarding. Voici les objectifs de cette action :
- Assurer une bonne intégration et un sentiment de bienvenue pour le nouvel arrivant.
- Réduire les inquiétudes et les incertitudes du nouvel employé quant à son nouveau poste.
- Favoriser la motivation du nouvel employé en lui montrant les perspectives et les opportunités offertes par l'entreprise.
- Permettre au nouvel employé de démarrer rapidement et efficacement dans ses responsabilités.
Ses préconisations :
- Préparer le matériel et l'email à l'avance afin que le nouvel employé soit opérationnel dès son premier jour.
- Organiser l'accueil par un parrain ou une marraine (peu importe le grade) qui pourra guider et soutenir le nouvel employé.
- Faire visiter les locaux pour familiariser le nouvel employé avec son environnement de travail.
- Prévoir un accueil par le dirigeant de l'entreprise pour témoigner de l'importance accordée à l'intégration.
- Favoriser les échanges et les discussions plutôt que des cours magistraux afin de favoriser l'engagement et l'interaction.
- Former le nouvel employé pour qu'il dispose d'une base technique solide similaire aux autres membres de l'équipe.
- Offrir la possibilité d'avoir un mentor qui pourra guider le nouvel employé dans son développement professionnel.
- Organiser un séminaire d'intégration pour permettre au nouvel employé de mieux comprendre la culture de l'entreprise et de tisser des liens avec ses collègues.
Conclusion
Cette liste de conférences n'est qu'une infime représentation de tous les sujets qu'il était possible découvrir lors de ces trois jours de festival. Encore un peu de patience avant de pouvoir visionner le replay de cette édition et bravo à l'équipe d'organisation pour cet événement mémorable dont on se souviendra très longtemps.