Retour sur Cloud Nord 2022 (première partie)
Publié le 30 septembre 2022
Le 29 septembre dernier, une partie de notre équipe a assisté à Cloud Nord, le rendez-vous lillois des experts du Cloud et technologies Ops. Cet événement où nous étions exposants nous a permis de rencontrer la communauté locale et de lui présenter notre toute nouvelle offre de services dédiés à l’infra. Entre moments conviviaux et conférences innovantes, passons en revue les temps forts de cette journée.
Keynote d'ouverture, Quentin Adam
Quentin Adam, le boss du PAAS français Clever Cloud, revient sur un sujet qui nous tient à cœur chez Les-Tilleuls.coop : la centralisation d’Internet et son contrôle par quelques mastodontes de la tech, quasiment tous californiens.
La tech - et en particulier le logiciel - est devenue le moteur de l’économie mondiale : toute l’économie réelle en dépend maintenant très fortement. C’est LA branche d’industrie qui génère le plus de profits.
Problème : la tech est aussi devenue le nouveau symbole de l’impérialisme états-unien. Les infrastructures numériques modernes sont contrôlées par quelques quelques ultra-riches californiens qui s’enrichissent grâce au capitalisme de surveillance, aux fake news, à des pratiques monopolistiques et surtout en captant l’essentiel de la valeur produite par les travailleuses et travailleurs du monde entier. Leurs pratiques sont tellement néfastes qu’elles mettent en danger les fondements mêmes de nos sociétés et font peser un risque de basculement totalitaire. Quentin résume bien la situation : «Ce sont des fumiers et ils font ce qu’ils veulent.»
Les Big Tech sont devenues tellement riches et puissantes que même les amendes qu’elles sont (trop rarement) condamnées à payer (Google, Zoom, Facebook, …) n’ont aucun impact sur elles : ils provisionnent de quoi les payer, et profite ensuite du marché qu’ils ont capté illégalement pour s’assurer un domination pérenne.
Quentin présente un début de solution : son association l’Open Internet Project fait du lobbying auprès de l’Union Européenne et des gouvernements européens pour mettre en place des lois plus agressives visant particulièrement les GAFAM.
Plus précisément, Quentin propose la mise en place de mesures conservatoires qui devront permettre de bloquer les pratiques délétères de ces sociétés sans attendre les procès qui arrivent toujours trop tard, quand ces multinationales se sont déjà accaparé tout le marché et que leurs concurrents sont déjà morts.
Quentin conclut en rappelant que les Big Tech de la vallée ont été créés par des ingénieurs, pas par des commerciaux ni par des spécialistes du marketing. Il dit qu’il est temps qu’en France et en Europe aussi ce soient les ingénieurs qui prennent le pouvoir.
Pourquoi pas, mais faisons-le sur des bases plus saines !
C’est quoi la Cloud Platform Engineering chez Decathlon, Christophe Furmaniak
La (Cloud) Platform Engineering, c’est concevoir et construire des outils et des processus qui facilitent la mise à disposition d'infrastructures en mode libre service. Son grand principe : traiter une plateforme comme un produit en se focalisant sur une problématique commune.
Dans les grandes entreprises, nombreux sont les projets gérés par différentes équipes. Autrefois, les infrastructures utilisées pour déployer ces projets étaient différentes car faites par des ops d’équipes différentes, chacun implémentant différemment en fonction de leurs connaissances et de leurs façons de faire. L’idée est donc d’harmoniser les différentes pratiques afin d’avoir une mise en commun des process pour la mise en place d’infrastructures, quel que soit le type de projet. Cela permet de mettre en place rapidement des nouveaux projets. L’outil interne de chez Decathlon permet en 15/20min de déployer un projet sur un cluster k8s, ayant des normes de sécurité communes, mettant tout en place des repository, à la CI, au déploiement, en passant par un fichier de configuration yaml.
Ce projet permet un certain niveau de granularité :
- Bas niveau : fourniture d’enveloppe Cloud
- Entre deux : on sélectionne les services et on les configure
- Haut niveau : les services sont sélectionnés, tout est configuré
On y trouve une promesse utilisateur (aussi bien pour un Ops ou un dev) : l’outil ne nécessite pas d’écriture de code Terraform ou Python mais une infrastructure en mode déclaratif (YAML). Tout est ensuite déployé sur GCP.
Parce qu'il est souvent question de taille... pour les microservices, Jean-Rémy Revy
Jean-Rémy démarre sa conférence en nous demandant de répondre à un questionnaire afin de connaître nos connaissances sur les microservices.
À la question “C’est quoi la bonne taille d’un microservice ?” plusieurs réponses apparaissent dont “1 microservice pour 1 base de données". Cette éventuelle réponse est fausse : une base de 3000 tables ne peut pas représenter un microservice.
Il demande aussi s’il faut une équipe projet de 5 à 8 personnes pour un microservice. Non plus. 1 microservice pour 1 contexte borné ? On s’en rapproche, mais cette réponse reste floue. On se penche alors sur l’article de psychologie de George Armitage Miller qui précise que la mémoire à court terme, permet de retenir 7 choses +/- 2. Un microservice pourrait être architecturé de la même manière en considérant qu’un microservice est un ensemble de 5 +/- 2 agrégats par tables. Cela permettrait d’avoir un temps ROI rapide et une maintenabilité accrue.
En résumé de cette conférence, un microservice est donc un service se centrant sur un sujet.
Lors de la séance de questions-réponses, Jean-Rémy rappelle que l’architecture microservice introduit de la complexité et n’est pas toujours la panacée. Découper trop fin est commun, et choisir la bonne granularité n’a rien d’évident : cela demande compétence, expérience et connaissance fine du métier (les méthodologies type DDD sont d’un grand secours concernant ce dernier point). Les microservices ne sont pas une solution miracle, ils répondent à certains besoins, mais les monolithes majestueux bien architecturés peuvent aussi être une bonne solution, souvent moins complexe. Ils peuvent aussi suivre des approches type Clean Architecture, architecture hexagonale etc… sans rajouter la complexité induite par la bordure réseau séparant les microservices.
Jean-Rémy rappelle que souvent, pour un applicatif orienté données, une application CRUD sera plus adaptée qu’un système complexe basé sur les microservices.
Créer et distribuer un plugin pour Kubernetes en quelques minutes ? Easy ! Aurélie Vache et Gaëlle Acas
Aurélie et Gaëlle nous parlent de Kubectl, une interface de ligne de commande (CLI) qui interagit avec l’API serveur de Kubernetes. C’est un CLI assez intuitif avec des commandes assez logiques. Les plugins kubectl sont là pour améliorer la productivité et raccourcir les commandes qui peuvent parfois être très longues. Ces plugins peuvent être écrits dans beaucoup de langages même si, comme souvent dans l’écosystème Kubernetes, il est recommandé d’utiliser Go (un langage qu’on affectionne beaucoup chez Les-Tilleuls.coop). Aurélie et Gaëlle nous présentent aussi leur propre plugin qui permet d’afficher des émojis liés aux saisons en amont de tous les outputs des commandes kubectl. De quoi mettre de la joie dans votre terminal !
Il est possible de partager son plugin à l’aide de Krew, un dépôt libre qui liste des plugins disponibles (voir le catalogue). Cette plateforme fonctionne comme un gestionnaire de paquets avec les commandes usuelles telles que update, install, etc. Il est également possible d’utiliser des dépôts alternatifs autres que celui par défaut de Krew.
Gaëlle et Aurélie nous décrivent aussi le processus d’acceptation d’un nouveau plugin dans le dépôt officiel. Le leur a été refusé à deux reprises, faute d’être considéré comme étant susceptible d’améliorer la productivité ! Elles nous ont ensuite proposé des plugins qui leur semblent pertinents au quotidien, notamment Neat qui permet de nettoyer les champs inutiles.
Enfin, Aurélie Vache a présenté son livre, Understanding Kubernetes in a visual way, qui présente de façon très didactique l’orchestrateur roi de l’industrie. Nous apportons nos félicitations à Aurélie pour son travail conséquent, aussi bien dans la réalisation des dessins que dans la démarche pédagogique pour rendre facilement compréhensible des concepts assez durs à appréhender.
Il est disponible en version papier imprimée par Amazon ou en version électronique à prix libre. Chez Les-Tilleuls.coop, on a même acheté plusieurs exemplaires sur place !