V-commerce : la réalité virtuelle s’empare du retail
Publié le 10 août 2016
Le Gear VR de Samsung, l’Oculus Rift de Facebook, le Vive d’HTC et Valve : depuis la commercialisation des premiers casques de RV en début d’année, la réalité virtuelle n'en finit pas de faire parler d'elle. Accueillie comme la grande révolution high tech de 2016, cette technologie aux allures futuristes qui immerge l’utilisateur dans un univers virtuel interactif enflamme les gamers… mais pas que. Alibaba, McDonald’s, IKEA : les retailers sont de plus en plus nombreux à succomber à son charme en l’intégrant à leur stratégie de vente. Un phénomène baptisé le V-commerce qui s’apprête à transformer le secteur du retail.
Réalité virtuelle : les consommateurs disent oui ! #
Si la tendance de la réalité virtuelle se répand chez les détaillants comme une traînée de poudre, c’est que les consommateurs les y attendent de pied ferme. En 2015, avant même que cette technologie ne s’ouvre au grand public, l’étude Future of Retail signée Walker Sands révélait déjà que 66 % des acheteurs se disaient intéressés par le concept de shopping virtuel. Plus récemment, une enquête réalisée cette année par Greenlight VR auprès d’un échantillon de 1300 personnes a dévoilé que 53 % d’entre elles seraient plus susceptibles d’acheter auprès d’une marque utilisant la RV qu’auprès d’une concurrente. Quant aux 13 000 sondés interrogés par la foncière de centres commerciaux Westfield, 41 % ont déclaré être intéressés par la réalité virtuelle pour avoir un aperçu du rendu d’un produit chez eux et 33 % pour essayer des vêtements sans se rendre en magasin. Des chiffres prometteurs qui laissent présager au marché de la RV de beaux jours devant lui : d’ici 2020, il devrait peser pas moins de 120 milliards de dollars.
V-commerce : le shopping réinventé #
Chez les retailers, la réalité virtuelle a donc tout d’une poule aux œufs d’or. D’autant que pour les e-commerçants comme les acteurs brick & mortar, elle offre d’alléchantes perspectives de développement... à condition de savoir en tirer profit.
C’est le cas du géant de la vente en ligne eBay qui, en partenariat avec le plus grand retailer australien Myer, a lancé en mai dernier le premier magasin en réalité virtuelle. Munis d’un « Shoptical », un casque de VR spécialement conçu pour l’occasion, les acheteurs australiens ayant préalablement téléchargé l’appli mobile accèdent à un Myer Store entièrement virtuel. Différentes catégories de produits s’offrent à eux, de l’habillement aux articles de maison, avec 12 500 références disponibles. Grâce au système Sight Search, ils peuvent sélectionner l’article de leur choix en le fixant du regard, l’examiner sous tous les angles en 3D, accéder à ses informations (prix, disponibilité, livraison) et le placer dans leur panier pour finaliser ensuite leur achat via l’application eBay. Une expérience client inédite où les mondes physique et digital fusionnent pour créer un canal de vente complémentaire à l’heure de l’omnicanal. Fini le stress des achats en magasin, exit les incertitudes du shopping en ligne : place à un parcours d’achat fun, efficace et rassurant !
Pour lutter contre la désertion des magasins physiques et booster le trafic en point de vente, les marques de prêt-à-porter sont nombreuses à exploiter la réalité virtuelle comme outil événementiel. Le retailer britannique Topshop et la marque américaine Tommy Hilfiger ont ainsi proposé à leur clientèle d’Oxford Street (Londres) pour l’une et de la 5th Avenue (New York) pour l’autre de revêtir un casque de RV afin d’assister à un show d’ordinaire réservé à une poignée d’initiés : un défilé de mode en 3D et à 360 degrés. De son côté, la marque de vêtements outdoor The North Face a organisé dans l’un de ses magasins Sud Coréens un happening pour le moins inattendu. Invités à s’asseoir sur un véritable traîneau, les clients ont pu vivre grâce au port de l’Oculus Rift une simulation de course de chiens de traîneau plus vraie que nature. Une fois leur masque retiré, ils tombaient nez à nez avec une horde de huskys de chair et d’os qui les entraînait aussitôt dans une course... en plein centre commercial ! Une opération de buzz marketing au poil où la réalité virtuelle vient enrichir l’expérience en magasin en y intégrant une dimension émotionnelle.
Avec son papier peint outrageusement fleuri et son carrelage à motifs improbables, votre cuisine a tout d’une machine à remonter le temps. C’est décidé : un sérieux ravalement de façade s’impose. Mais sur les catalogues en ligne ou dans l’univers impersonnel des boutiques de déco, difficile de se projeter. Ce frein à l’achat, la chaîne de magasins de rénovation américaine Lowe’s a trouvé un moyen de le faire disparaître. Son secret : la Holoroom. Implantée pour l’heure dans 19 points de vente aux Etats-Unis, cette salle d’un genre particulier permet aux clients de créer eux-même la cuisine ou la salle de bain de leurs rêves à partir d’une tablette puis de s’équiper d’un Oculus Rift pour la visualiser en 3D. Après avoir reproduit la pièce en question (taille, configuration…), ils choisissent et disposent librement meubles, appareils ou encore revêtement de sol à partir de la liste des produits en vente. Le casque de VR leur offre ensuite la possibilité d’admirer le rendu de leur création pour infirmer ou confirmer leurs choix. De quoi favoriser la prise de décision et faire avancer le consommateur dans le processus d’achat en toute confiance.
À l’an zéro de la réalité virtuelle, la route est encore longue avant que cette technologie ne s’installe durablement dans les usages, au-delà des early adopters. Des expériences souvent inconfortables et peu convaincantes, des casques onéreux encore perfectibles : il reste du pain sur la planche. Quoi qu’il en soit, la RV est pleine de promesses pour le secteur du retail, du côté des consommateurs — les avatars en 3D pour essayer des vêtements en ligne, c’est pour bientôt ! — mais surtout des détaillants… qui ont tout intérêt à ne pas laisser filer cette opportunité !