Introduction à JIRA Software
Publié le 19 février 2016
Structurer, planifier et piloter la mise en oeuvre d’un projet sont autant de tâches fondamentales et exigeantes qui incombent au chef de projet. À l’ère du numérique, l’utilisation d’un logiciel de gestion de projet est devenue incontournable pour faciliter ces démarches. Mais face à une offre qui ne cesse de s’enrichir et de se diversifier, dénicher la solution optimale alliant puissance, flexibilité et intuitivité peut s’avérer être un véritable casse-tête. Dans la jungle des plates-formes de gestion de projet en mode Agile, un outil a pourtant su tirer son épingle du jeu : JIRA Software.
Issu de “Gojira”, le nom japonais du monstre légendaire Gozilla, JIRA n’a de nippon que le nom. Ce système collaboratif de suivi de bugs et de gestion d’incidents nous vient en réalité tout droit d’Australie où Mike Cannon-Brookes et Scott Farquhar, co-fondateurs de la société Atlassian, l’ont mis au point en 2002. Depuis, il s’est forgé une place de leader sur le marché des outils pour la gestion de projets Agiles. À ce jour, plus de 35 000 entreprises de toutes tailles l’utilisent à travers le globe pour des projets de tous types - développement informatique, marketing, ressources humaines... Parmi les plus prestigieuses, on compte Twitter, Spotify, la NASA ou encore France Télévisions.
À première vue, la grande richesse fonctionnelle de JIRA peut en décourager plus d’un. Pour accompagner les utilisateurs dans la prise en main du logiciel et leur permettre de tirer pleinement parti de sa robustesse, Atlassian a donc élaboré une documentation complète et détaillée centralisant toutes les informations utiles. Seuls hics : elle n’est à ce jour disponible qu’en anglais et sa lecture peut s’avérer particulièrement fastidieuse. C’est pour ces raisons que nous l’avons débroussaillée pour vous ! Faisons ensemble le point sur les concepts clefs de JIRA.
Après avoir créé un compte JIRA sur le site d’Atlassian, vous accédez à une interface sobre et épurée composée de différentes rubriques. Comme son nom l’indique, la première vous permet de créer et de gérer vos différents tableaux de bord. Ils sont composés de gadgets que vous sélectionnez librement parmi les 52 disponibles et disposez à votre guise dans la limite de 20 gadgets par tableau. Flux d’activité, statistiques du temps de travail , demandes en cours pour un projet donné : vous avez l’embarras du choix !
Le second onglet est quant à lui consacré - là aussi, sans grande surprise - à vos projets. JIRA en propose deux types : software, pour les projets de développement logiciel, et business, pour les autres. Pour chaque type de projet, trois options s’offrent à vous selon la méthodologie que vous souhaitez employer. Les fonctionnalités diffèrent d’une méthode à l’autre. Si votre projet est de nature software, vous avez le choix entre :
- Le développement logiciel Scrum avec un backlog, la création de sprints et de rapports d’avancement, un flux de travaux (workflow) Agile et l’édition de demandes ;
- Le développement logiciel basique avec un flux de travaux classique et la création de demandes ;
- Le développement logiciel Kanban avec un tableau Kanban, un flux de travaux basique et la création de demandes.
Pour les projets business, vous sélectionnez entre :
- La gestion de projet avec la possibilité de créer des tâches, de les planifier et de suivre leur avancement ;
- La gestion de processus pour créer des tâches et suivre leur progression de A à Z ;
- La gestion de tâche pour créer des tâches simples, les organiser et les attribuer.
Parce qu’un exemple concret est toujours plus parlant, penchons-nous sur un cas pratique : un développement logiciel avec la méthode Agile Scrum.
Une fois votre projet créé, vous accédez à son backlog. Ce terme désigne la liste priorisée des fonctionnalités nécessaires au développement du produit final. JIRA les appelle les demandes (issues). Après avoir invité les membres de votre équipe à rejoindre le projet, il est temps pour vous de compléter le backlog avec vos demandes. Une demande peut prendre 3 formes :
- Un récit (user story), il s’agit de la description en une à deux phrases et dans le langage de l’utilisateur d’une fonctionnalité à développer (en tant qu’utilisateur, je veux réserver une voiture via mon smartphone pour pouvoir me déplacer).
- Les récits peuvent être regroupés en différentes épopées (epics) qui décrivent une fonctionnalité entière recouvrant plusieurs user stories ;
- Une tâche ;
- Un bogue (bug).
Vous pouvez définir un niveau de priorité pour chaque demande (lowest, low, medium, high, highest), estimer sa durée, y ajouter des fichiers par un simple glisser-déposer, créer une sous-tâche et l’attribuer à quelqu’un. Vous répartissez ensuite ces demandes en sprints (incréments du produit) dont vous déterminez librement la durée. Lorsqu’un sprint est lancé, vous avez la possibilité d’indiquer et de modifier le statut de chaque demande à tout moment dans la rubrique latérale “sprints actifs” en la faisant glisser dans la colonne correspondante (à faire, en cours, fini). De leur côté, les deux onglets “demandes” (latéral et en haut de page) vous permettent d’avoir une vision détaillée des demandes en cours. Dans la section “rapports”, vous trouverez toutes les statistiques nécessaires au suivi et à l’analyse de votre projet : graphique d’avancement, rapport de sprint, rapport de suivi temporel… Enfin, la rubrique “composants” vous permet de diviser votre projet en plusieurs sections (interface utilisateur, base de données…) et d’y ajouter les demandes correspondantes.
Vous souhaitez accéder directement à une demande particulière ? La rubrique “Demandes” est là pour ça ! Lorsque vous cliquez dessus, un menu déroulant s’affiche avec chacune des demandes créées dans tous vos projets. Après avoir sélectionné celle de votre choix, vous avez accès à l’ensemble des informations la concernant : type, état, priorité, responsable, description, flux d’activités, workflow… Via cette interface, vous êtes également en mesure de la modifier, d’y ajouter un commentaire, de l’attribuer à quelqu’un ou encore de changer son statut. Pour terminer, l’onglet “Tableaux” vous offre un point d’accès rapide vers le backlog de chaque projet.
Dans les faits, JIRA divise : sur la toile, les avis sont pour le moins tranchés. Ses chantres semblent tout aussi nombreux que ses détracteurs - qui n’y vont pas de main morte pour exprimer le fond de leur pensée : “La haine est un mot très, très fort. Mais je hais JIRA avec toutes les fibres de mon être", “Je hais JIRA de tout mon coeur et de toute mon âme”. Alors, pourquoi tant d’amour et de haine ?
JIRA Software est disponible dans plus de 14 langues, de l’anglais au chinois en passant par le norvégien. Un bel effort d’accessibilité qui en fait un outil au rayonnement international - et, par conséquent, à la communauté développée. Son prix est tout aussi abordable, puisqu’il propose des tarifs progressifs qui varient en fonction du nombre d’utilisateurs et du type d’hébergement. Et les projets open source n’ont rien à débourser !
Mais son atout principal reste indéniablement sa puissance. Au-delà de ses innombrables fonctionnalités et options de personnalisation, il admet l’intégration d’applications tierces comme la plate-forme de discussion instantanée HipChat, l’outil d’intégration continue Bamboo ou encore l’application de suivi de code FishEye. Il dispose également de sa propre marketplace où près de 2000 modules d’extension payants sont disponibles en téléchargement.
Cette force est aussi sa plus grande faiblesse : la robustesse de JIRA engendre inexorablement une courbe d’apprentissage élevée. Sa complexité est ainsi régulièrement montrée du doigt. Une bonne dose de patience et de persévérance est nécessaire pour maîtriser toutes les subtilités de l’outil et maximiser sa performance. Mais Rome ne s’est pas faite en un jour, et de nombreux experts JIRA proposent des formations pour un apprentissage accéléré de la plate-forme.
Les familiers de l’application Trello le diront : l’interface de JIRA manque cruellement de convivialité. Si des améliorations sur ce point ont été effectuées dans les versions plus récentes, force est de constater que JIRA a encore beaucoup à apprendre question gamification…
Et vous, que pensez-vous de JIRA ?